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de l'école Rabelais - Saint-Henri - Marseille 16e


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   Entrée récemment dans la profession, le JIC est le premier projet d’envergure sur lequel « j’embarque » une classe. Quand l’association Vinaigre m’a contactée, j’ai été tout de suite séduite par la dimension didactique et citoyenne de ce type d’écrit. Les réalisations ont été assez éloignées de mes attentes premières sans pour autant me décevoir.

   L’enseignant se doit d’avoir un regard professionnel lorsqu’on lui propose quelque chose. Il traduit les activités des intervenants en termes de compétences et d’objectifs précis et en rapport avec les programmes officiels. L’intérêt que j’y ai trouvé n’est pas celui que les élèves ont perçu et heureusement ! Au fur et à mesure que les règles d’écriture s’égrainaient dans ma tête je voyais des séances de grammaire, de conjugaison et d’orthographe pleine de sens défiler dans ma tête. Les règles du JIC sont peu nombreuses mais riches : Enfin des textes que les élèves prendront plaisir à corriger et recorriger me suis-je dit ! En effet l’envie de réécrire est très difficile à susciter et pourtant c’est une étape capitale de la production d’écrit.

    Je voyais aussi le potentiel énorme que portait le projet concernant la citoyenneté : Partager le vécu en parler l’objectiver. Lorsqu’un conflit éclate entre enfants, il est souvent difficile d’obtenir un témoignage fiable tant les ils restent enfermés dans leur interprétation des faits. Leur subjectivité est la seule réalité qu’ils acceptent. Or, le respect que l’école se doit de leur inculquer, les uns envers les autres, passe par l’acceptation de l’autre et de son point de vue. Le JIC tend à leur faire produire des texte « neutres » et « objectifs ».

    Ce qui m’a aussi intéressé c’est que les écrits des élèves pourraient être partagés. Le JIC n’est rien sans ce partage. Partage entre pairs ; pour discuter de ce qu’on a vécu ensemble ou relater des évènements qu’on est le seul à avoir remarqué dans un espace pourtant partagé. Mais aussi et surtout le JIC pourrait être un moyen de faire entrer les parents à l’école. Celle-ci leur paraît souvent d’un fonctionnement obscure et beaucoup d’enfants restant peu loquaces face aux demandes parentales, ce n’est souvent que l’enseignant qui communique avec eux sur ce vécu de leur enfant. Cependant l’enseignant a des sujets de communication qui laisse tout un pan de la vie scolaire de côté.

Il y a de nombreux écrits qui relatent le vécu mais aucun qui ressemble au JIC. Faire des JIC permettrait aussi d’aborder en contrechamps : l’article de journal, le journal intime, la chronique…
Le JIC ouvre sur tellement de portes qu’il en donnerait presque le vertige pédagogique.

Enfin il y a tout un volet du projet qui concerne les TICE. A notre époque il est indispensable de maîtriser les outils informatiques et l’Education Nationale a fait sienne cette préoccupation. Les JIC doivent être tapés afin d’être lu en public puis mis sur un site web.
Le JIC est donc une manne pour l’enseignant et pour l’élève.
Le JIC dans la pratique s’est révélé assez complexe à mettre en place car il a ouvert un long et âpre débat sur ce que c’est qu’être objectif : « Tu dis qu’il cherchait quelqu’un, comment est-ce que tu sais qu’il cherche quelqu’un ? » ou encore « Tu écris qu’elle est triste, comment le sais-tu ? Elle te l’a dit ? Elle pleurait ? » Est-ce qu’on devine, est-ce qu’on interprète ou est-ce qu’on décrit seulement ce qu’on voit ? Les débats sur le contenu on finalement pris plus de temps que les temps d’ORL escomptés…

    Cette barrière franchie, même si les débats restent d’actualité lors des lectures, le JIC est devenu un outil : Une référence pour écrire : « Ecrivez comme pour un JIC, il faut décrire... » Un outil pour gérer certains conflits : « Qu’est-ce qu’il s’est passé réellement ? Décris ce que tu as vu, ne me dis pas ce que tu as interprété. Dis-le moi comme un JIC.»

    Concernant la citoyenneté et le partage de vécu l’adulte que je suis a été assez surprise. J’ai commencé par imposer les lieux où les élèves devaient observer ce qu’ils allaient relater. Ensuite les sujets des textes ont été librement choisis par les élèves et la thématique privilégiée par ces derniers m’a paru assez peu représentative de l’école que je vivais mais là je consens volontiers que je ne suis pas objective ! Les élèves sont finalement moins marqués par mes séances de math’ que par les incidents de leur vie sociale.

   Enfin, concernant les TICE les déboires ont été nombreux et variés ce qui a ralenti les possibilités de production…

   Voilà la version de l’enseignante : Une véritable aventure que j’ai hâte de poursuivre, renouveler et enrichir dans les années futures !

Bonne lecture.

Ann Boinet